transcendances temporelles

Publié le par Jahman

Il n’y a que du plein, pas de vide, ou, ce qui revient fondamentalement au même, il n’y a que du vide et pas de plein.

Le point de la durée vécue sans contraintes ou contingences est le temps libre et pourtant conscient. Sur cette ligne temporelle d’une conscience (durée) il n’y a rien devant qui puisse arrêter sa progression, aucun obstacle (réconciliation), aucun objet particulier qui viendrait limiter ou clore cette temporalité vécue. La liberté est l’éternité.

 

Le Livre de la Vie, le plus gros livre du monde, est ce temps-là. Présence (occident) et vacuité (orient) sont une seule et même chose si la présence est totale et la vacuité absolue. On nomme cela l’Un car dans l’Un les contraires s’unissent. L’Un est transcendant car il est au-delà de l’existence, du monde et de l’homme, de la pensée. La transcendance est le mouvement qui va au-delà des règles de la logique en ce qu’il dépasse infiniment la pensée (entendement, raison, logos, intellect). Ce mouvement transcendant part d’une conscience individuelle pour s’élever à une dimension supérieure (totalité…). Cette conscience est déconnectée du mental en ce qu’elle n’est pas en état de cogitation, elle n’applique pas son intellect à un objet mais laisse être le multiple-à-lui-même. C’est une conscience non-réfléchissante. C’est en passant d’une vibration à une autre (encore faut-il trouver la bonne fréquence), en ralentissant le rythme vibratoire / ondulatoire du psychisme, qu’on fait naître le mouvement transcendant, tout au moins on rend possible ce mouvement en établissant les meilleures conditions pour passer au-delà de soi-même, tout au moins à regarder au-delà de soi-même. Car dans l’extase, on ne fait que voir, entr’apercevoir les réalités éternelles, les essences réelles (Platon). Peut-être l’intensité du moment éternel est-elle fonction de celle de la conscience. Le rythme de la fréquence consciente doit être inversement proportionnel à celui de la Présence-Vérité. En réduisant au maximum la tension, en rapprochant au plus près les vibrations psychiques du 0 absolu, on se rend capable de Dieu, apte à passer de l’autre côté de la rive. En d’autres termes, on établi les conditions adéquates à la vision éternelle. L’intérieur se purifie par cette diminution asymptotique de la fréquence / tension consciente. La conscience est alors plus souple et fraîche, moins encombrée, moins chargée, c’est-à-dire qu’elle commence à se détacher des lois de la matière / nature ; elle s’affine et devient légère et subtile.

 

C’est le paradoxe : en ralentissant le rythme de la tension psychique et mentale, on s’aperçoit d’une légèreté et d’une rapidité / célérité de l’esprit. On passe – intermédiaire – par le niveau de l’esprit, situé entre la conscience habituel / le mental et l’âme éternelle. Dans l’état conscient de l’esprit pur, le rythme psychique est si proche de 0 que le niveau esprit peut commencer à se faire voir, à percer le flux psychique. La réduction du rythme psychique atténue, puis supprime complètement, le voile de la réalité, maya, et laisse place à l’émergence de l’esprit sur le mode luminescent – qui est sa nature propre (Esprit = Vie = Lumière). Auparavant sombre et obscur, l’esprit-lumière demeurait inconscient, invisible, inexistant, en dehors des fréquences vibratoires du conscient habituel, mais maintenant qu’on a pratiqué la vibration tensionnelle, la lumière naît d’elle-même car l’esprit vibre à la vitesse de la lumière. Quand cette dernière est pure (sans tâches), le sujet complètement absorbé dans son éclair, la conscience vibratoire du conscient réduite à zéro devient alors identique à la fréquence de l’esprit-célérité. D’où sentiment de vitesse (alerte, attention) et la sensation de fraîcheur / souplesse / légèreté de l’ « esprit/conscience-témoins ». C’est seulement de ce niveau « esprit » que l’on peut atteindre celui de l’âme. La transcendance qui uni l’homme et Dieu se passe au niveau de l’âme car cette extase est le résultat de l’identification de l’homme / conscience, au niveau de l’esprit, avec l’âme, le principe divin. Le premier moment se passe entre le moi/ego et l’esprit ; le second moment entre l’esprit et l’âme.

L’esprit est lumière = 1ère transcendance

 

Mais, oh !

 

L’Esprit est vivant = 2ème transcendance

 

Et l’Esprit s’est fait âme. Et l’Âme est Dieu. Retourné à son principe originel (fan) qu’est l’âme (yeh, la racine), l’esprit regarde ce qui le fait rayonner et voit le néant, l’absolument rien caché derrière la lumière. C’est le point mort, le point obscur qu’est le néant qui est la source productrice de lumière-esprit. L’esprit, dans l’acte d’amour, rejoint sa demeure, sa source-néant dans l’absolu don de soi et se découvre uni à son âme. Tout le temps de l’expérience, la conscience-témoins est là qui regarde, les yeux brillants, émerveillée, les splendeurs de l’esprit et de l’âme dans leur union amoureuse, leur don réciproque, leur fin/achèvement l’un dans l’autre, l’un pour l’autre. L’union/fusion de l’esprit-néant et du néant-âme se voit par la conscience qui est alors dite en extase, car ce n’est plus elle-même ni même l’esprit (naturel, totalité, être) mais l’âme (néant, silence, infini-absolu). En s’auto-réduisant en néant, source de lumière, l’esprit vient se fondre dans l’âme, s’abolir dans l’acte du don/amour. Dès lors, c’est la grâce qui fait le reste, Dieu lui-même qui s’abaisse jusqu’à l’homme, naît en lui (transformation) car il ne reste plus que l’âme pure en cet homme. N’étant plus qu’âme, ce sujet conscient est divinisé sur le champ (Christ), par nécessité spirituelle si je puis dire. La conscience ne peut que voir ce silence éternel, cet esprit vivant. Il ne peut être question d’une transformation ontologique mais seulement d’une expérience de connaissance, une perception de la conscience-témoins, exposée à la lumière de l’esprit (1er temps, négation de la position) et du néant de Dieu (2ème temps, négation de la négation), mais jamais cela ne passe par le canal du mental (appropriation, saisie intellectuelle, possession par le discours).

 

Transcendance est union d’un plan de référence, d’un niveau de conscience à un autre. Cette élévation du degré de la conscience, de la clarté d’esprit, et finalement, de la présence (sentiment du réel, vie) ne peut se faire sans abnégation et rejet successif de tout ce qui n’est pas soi (détachement) pour enfin rejeter l’orgueil (dépossession, abandon), l’orgueil de vivre, d’exister, qui préside à la formation du « je ». Il s’agit en somme d’une purification en bon et dû forme.

 

Vaillant sera le guerrier au cœur pur s’il ne veut pas trébucher et se perdre. Téméraire et chantant sous la pluie pour la Gloire de Jah la vie des êtres ici-bas, il ira sur le toit de la maison, le brisera. Sans attache, le solitaire maintiendra son esprit en éveil. Sans jamais faillir, il ne feindra pas et ne trompera pas sa conscience-mémoire. Ne pas se mentir pour que le livre de la vie ne se referme pas. Combattant sans défaillir les démons qui l’assaillent de toutes parts, le guerrier se montrera chaleureux en toute occasion et n’hésitera pas à donner, cela pour l’amour de Dieu. Il se gardera de parler et en profitera pour garder le silence. Il redoublera de vigilance attentionnelle à chaque instant de son existence pour que rien ne manque à la réalité et que s’éveille l’esprit et que brille la lumière. Dépourvu de rancœur, le guerrier gardera toute sa noblesse d’âme et – surtout – sa liberté intacte, sa seule et unique possession, ce qui le maintient encore dans ce monde. Grandeur et liberté s’interpénètrent et se donnent sens l’un l’autre. L’absolue dépossession (le mouvement de dépossession qui s’achève dans la dépossession de la dépossession elle-même) est ce qu’on appelle « liberté totale », transcendance, union des couples d’opposés……

 

 

Publié dans Temps

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H
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T
TOMAS Pierre-YannMerci pour ces lignes d'une verdeur sans pareil !   C'est toujours un plaisir enivrant que de boire à la coupe d'un puissant et d'apprendre. Pour ma part, avec 14 auteurs de pays différents nous sommes " l'auteur "  de: " La rose blanche et l'olivier "sur:http://yadiam.over-blog.com/Nous y parlons de Paix, d'Amour, de Philosophie,  mais aussi de Voyages, de Sciences, de Kabbala, de Soufisme... bref, de toutes les ficelles et cordes que la Poésie nous offre. PS: n'hésitez pas à laisser un commentaire: nous vous répondrons.
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