Réflexion sur soi-même

Publié le par Jahman

lecture des Méditations métaphysiques de Descartes. La certitude d’être

 

Après s’être isolé et avoir enlevé toutes pensées fausses ou incertaines de son esprit, après avoir tourné son regard à l’intérieur de soi, on découvre que seul « Je » existe, seule et unique certitude qui, par ce retournement de la pensée sur soi permet la découverte, l’apparition comme nouvelle naissance, d’un autre moi (moi-même). La réflexion sur soi doit amener la réflexion sur elle-même. Ce réfléchissement de la pensée est le fondement de toute connaissance valable car personnelle. La vérité n’est réelle, vraie que « pour moi en présence de moi-même ».

 

C’est un véritable fondement de sa philosophie que ce processus permet.

 

Mais ce n’est pas le seul moyen susceptible de produire ce réveil de la conscience intérieur.  Beaucoup d’évènements permettent cette véritable contemplation de Dieu. (Rousseau, Pascal, mais aussi transe, extases et drogues qui permettent une modification de la conscience). Mais tout cela est conditionné par l’individu, son histoire, ses dispositions, ses capacités, sa nature propre. Le doute, la solitude, le vide, le néant, l’incertitude totale, l’éloignement (intérieur ou extérieur), la coupure d’avec le monde, le temps et l’espace, autrui, sont assurément des conditions qui privilégient cette séparation d’avec soi-même, séparation intérieure, vision de Dieu dans une lumière des plus pures, accession au contentement dans toute chose, connaissance absolue et foudroyante du monde (matière, réalité, choses, objets) et de l’être.

 

A partir de là, l’ « éveil » comme commencement de l’existence est possible ; cela implique une triple séparation :

 

Þ    Séparation intérieure

 

Þ    Séparation d’avec autrui (différence, marginalité)

 

Þ    Séparation d’avec le monde (vide, réalité fuyante)

 

Mais cela n’est que temporaire. Certes difficile mais nécessaire, car permettant une réflexion de plus en plus profonde et complexe qui paradoxalement plonge de plus en plus l’homme dans le vide. Celui-ci peut commencer sa réflexion, son existence, c’est-à-dire devenir son sujet de recherche comme acte de philosopher au sens le plus pur. La réflexion sur soi-même ou, plus précisément, sur la conscience d’être, ici et maintenant, sur l’activité du cogito cartésien, trouve sa raison d’être, sa justification dans la séparation c’est-à-dire dans la réflexion sur l’extériorité (qui forcément s’oppose à notre intériorité, notre être le plus intime), sur la dualité de l’Un.

 

La connaissance de toute chose ne doit faire confiance qu’aux idées, qu’à ce qu’étant déjà inscrit en nous comme « réalités pré-existantes », données par Dieu (différent de préjugés, opinions ou connaissances sensorielles, imparfaites). Par la fondation de cette philosophie, l’assemblage de ces connaissances nouvelles, premmières et véritables, c’est une nouvelle existence, la création d’un nouvel homme qui advient.

 

Il est dès lors possible de vivre dans le réel, et cela dans le réel même, c’est-à-dire dans le présent, dans l’éternité, à l’intérieur de Dieu, dans Dieu, « le temps libre et absolu ». Il faut partir du passé pour aller vers l’avenir en vivant dans le présent, dans la présence même de l’être ; car « le temps, c’est l’être » (A. Comte-Sponville). Ce n’est pas le temps qui passe mais l’homme qui le traverse (NAP) Il n’est possible de vivre que dans le présent (la conscience n’a conscience d’elle même qu’au présent, même dans le futur ou le passé, le temps vécu est un instant présent) car le passé n’est déjà plus et le futur n’est pas encore. Mais le présent n’est pas cet instant entre le passé et le futur, c’est plutôt, comme on l’a vu, l’éternité – mais aussi la matière, l’être. Par là on est amené à réfléchir sur le paradoxe d’un être fini (borné par la mort et la naissance notamment) et l’idée d’infini à laquelle on peut attribuer avec Descartes la qualité d’être une idée présente, consciente, existante avant celle du fini, de l’être. C’est cet enferment, cette aliénation de l’homme à sa condition, à la nature (mortel, dépendant, imparfait), que l’on doit dépasser par la réflexion intérieure. La liberté, le libre-arbitre mais aussi la conscience d’être et d’être un être pensant, n’ayant pour seule connaissance que la substance même des chose, peut permettre à la puissance de devenir acte et, par là, d’exister dans le réel même. Mais, être présent au monde, à la réalité implique de concentrer son attention (mais aussi et d’abord son intention), sa vigilance, sa pensée à la seule présence de l’instant vécu comme éternité.

 

D’autre part, sachant la pensée créatrice de réalité et de vérité – vérité pensante, personnelle car toute vérité n’est vérité qu’à, par et pour soi-même dans le présent – il faut être prudent dans ses choix (libre-arbitre). Les passions, les sensations, les émotions sont pourvoyeuses en informations riches et souvent mal appréhendées et perverties. Il faut donc s’en méfier et les utiliser avec le concours de la volonté et de l’intellect.

 

Publié dans Conscience

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H
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